Oxygene N°9 Précision à apporter sur la dotation de PIE

Publié le par Laurent Khalfan et Benjamin Giami

 

Mercredi 29 octobre 2008 - N°9

Question à…
Robert
LANDURAIN
Adjoint de la police municipale 
 

La police municipale va-t-elle utiliser le PIE*qui est le nom français du Taser ?

"Pas du tout. Et ceci en accord avec le maire. Les 63 policiers municipaux disposent déjà d’armes de quatrième catégorie. Pour nous le Taser serait inutile. Nous devons rester à notre place. Nous sommes une police de proximité et de prévention et devons rester au service de la population”.
*Pistolet à impulsion électronique

 

Après lecture de cet article, j'aimerais donner mon avis sur la question. Ces quelques lignes  écrites dans Oxygène me paraissent plus que maigres. Elles ne sont pas argumentées, alors que des études nationales ont été réalisées récemment.


Pour répondre à ces diverses questions sur l'utilisation du PIE par la police municipale, j'ai interviewé Frank CANNAROZZO, ancien adjoint à la sécurité du Maire Gérard GAUDRON. Il connaît beaucoup mieux le sujet, d'autant qu'il avait lui-même envisagé la dotation des PIE pour nos policiers municipaux.


Souhaitez-vous étendre l'utilisation du PIE à notre police municipale ?


Parce que les policiers municipaux sont de plus en plus confrontés à des situations violentes, intervenant sur tout type de situation, la dotation en taser pourrait permettre des ripostes proportionnées et adaptées aux situations de crise, sans le recours aux armes à feu.
 

En effet, en dehors des situations des violences urbaines, qui ne sont pas du ressort des polices municipales, nombre de leurs interventions les confrontent à des individus parfois prêts à tout. Dans ces cas-là il faut éviter les armes à feu mais être tout de même en capacité de dissuader ou de neutraliser.
 

Je tiens à rappeler qu'aujourd'hui, 114 communes ont une police municipale dotée d'armes à feu en France. 50% de celles-ci ne possèdent qu'un armement de 6ème catégorie (bâtons Tonfa et bombes lacrymogènes), et 38% sont dotées d'armes à feu.


 
Toutefois la polémique engendrée sur leur usage mérite de bien peser le pour et le contre avant toute décision.



CETTE ARME EST-ELLE DANGEREUSE ?


Le Taser est un moyen de force intermédiaire conçu pour ne pas blesser. Il permet de neutraliser sans dommage, par l'envoi d'une impulsion électrique, un individu agressif et dangereux. C'est la raison de sa conception. Toutefois, aucune arme quelqu'elle soit ne peut-être considérée comme totalement inoffensive. Les bâtons de défense Tonfa peuvent eux aussi causer de graves dommages s'ils sont mal utilisés, tout comme un simple bâton. Il ne faut donc pas imaginer une arme inoffensive mais une arme moins dangereuse que les armes à feu, capable d'intervenir à distance, ce qui la distingue de toutes les autres armes non létales.


Le PIE est utilisé depuis 2006 par la police nationale et par la gendarmerie. Il est important de souligner que dans les unités de la gendarmerie dotées de PIE, on a constaté une baisse de l'ordre de 30% de l'utilisation des armes à feu ! Ce n'est pas négligeable.
 

Aucun incident n'a été enregistré depuis la mise en service du PIE dans notre pays : les seules blessures légères constatées ont été causées par la chute de personnes ainsi neutralisées, ce qui par ailleurs peut arriver avec n'importe qu'elle arme.
 

Par ailleurs, le modèle utilisé en France est beaucoup moins puissant que ceux utilisés dans certains autres pays.
De plus, depuis le 1er juillet 2008, une formation est obligatoire pour l'utilisation d'équipements de cette nature.

Cette formation est aussi rigoureuse que celles dispensées au sein de la police et de la gendarmerie nationales.

Enfin, l'utilisation de l'arme est enregistrée par un dispositif audio et vidéo, qui permet de reconstituer précisément les conditions dans lesquelles elle a été utilisée. C'est une sécurité de plus afin d'éviter tout abus, ce qui n'existe pour aucune autre arme.
 
En résumé, on ne peut réagir sur ce dossier par pure idéologie et il faut peser les avantages et désavantages avant d'en autoriser l'usage par nos policiers municipaux. Ce qui n'a bien évidemment pas été fait dans le cas qui nous occupe. 
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